Problèmes logistiques, délais de paiement, hausse des prix de l’énergie. Bien chanceux sont les industriels des secteurs qui parviennent à tirer leur épingle du jeu dans le contexte actuel où des pans entiers de l’économie subissent durement la succession des crises.
Bond de 9,9% réalisé à fin mars 2022 par l’industrie pharmaceutique, en termes de volume de production. Hausse de 6,6% du volume de production dans l’industrie de l’imprimerie et reproduction d’enregistrements, ou encore progression de 5% des volumes produits dans l’industrie de la fabrication de meubles.
Bien chanceux sont les industriels des secteurs qui parviennent à tirer leur épingle du jeu dans le contexte actuel où des pans entiers de l’économie subissent durement la succession de crises et leur corollaire (problèmes logistiques, délais de paiement, hausse du prix de l’énergie…).
Aux premiers secteurs cités, l’on peut ajouter ceux de la production et distribution d’électricité, dont le volume de production grimpe de 4,2% au premier trimestre, les industries de Fabrication d’autres matériels de transport et de Fabrication de machines et équipements dont les volumes de production bondissent tous les deux de 2,7%.
La performance de tous ces secteurs saute aux yeux, notamment à l’analyse de la dernière note d’information publiée par le Haut Commissariat au Plan relative à l’indice de production des industries manufacturières hors raffinage de pétrole.
Contacté par Les Inspirations ÉCO, Mohamed El Bouhmadi, président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP), un secteur qui culmine en tête des plus résilients, explique cette performance : «Avec la pandémie du Covid-19, il y a eu un gros appel d’air du marché en matière de médicaments liés au protocole de traitement du Covid, mais également des médicaments traitant les pathologies hivernales, notamment la grippe. À cela s’ajoute un petit affolement de la population, qui a cherché à acheter des médicaments pour constituer leur stock, pensant qu’il allait y avoir une pénurie. Face à cela, les producteurs ont été tenus de répondre à cette demande, mais également constituer des stocks. C’est ce qui explique à mon sens ce pic des volumes de production au premier trimestre 2022».
Est-ce que cette course aux médicaments et la tendance à la constitution de stocks se poursuit et jusqu’à quand ? «Normalement, une fois que les stocks sont constitués et que le marché est régulé, l’on revient à un rythme normal», explique El Bouhmadi.
Par ailleurs, «avec la mise en place de la couverture sociale universelle, que Sa Majesté est en train de mettre en place, le secteur verra également un impact positif sur ses volumes de production, du fait qu’il y aura une demande de tous les médicaments qui feront partie du panier de soins», explique notre source.
Baisse des volumes de production dans plusieurs secteurs
Tous les secteurs n’étant pas logés à la même enseigne, les effets des crises successives continuent de laisser leur empreinte sur la performance, voire la productivité de certains. Ce qui se traduit notamment par la baisse des volumes de production dans plusieurs industries manufacturières.
L’une des industries qui traduit parfaitement ce qui se produit sur le terrain est celle de la réparation et installation de machines et d’équipements. Cette industrie figure parmi les plus affectés avec -16,7% de volume de production. Ce qui est assez révélateur de la baisse importante des capacités de production dans le tissu industriel.
Alors que le pouvoir d’achat baisse, du fait de l’inflation, les ménages limitent les dépenses de certains postes de charges, les commandes diminuent, et les usines tournent au ralenti. Plusieurs machines sont donc à l’arrêt. L’indice de production des industries manufacturières hors raffinage de pétrole a enregistré une baisse de 2,3% au cours du premier trimestre 2022 par rapport à la même période de 2021.
Cette évolution résulte notamment de la baisse de l’indice de production de l’industrie chimique (-8,6%), des industries alimentaires (-1,3%), de la fabrication d’équipements électriques (-3,4%), de la fabrication des produits en caoutchouc et en plastique (-3,2%), de l’industrie automobile (-2,6%), de l’industrie de l’habillement (-1,6%) et de l’industrie textile (-2,3%). S’agissant de la baisse des volumes de production dans l’industrie chimique, celle-ci s’explique en partie par les effets de la crise que traversent le secteur de l’immobilier, débouché important d’industriels comme ceux de la peinture.
«Au premier trimestre, les professionnels du secteur ont quasiment gardé le même niveau de volume produit qu’au premier trimestre de l’an dernier», explique une source au sein de la Fédération de chimie parachimie.
Cette déclaration est confirmée par les données publiées par Colorado au terme du premier trimestre. «Le tonnage produit durant le premier trimestre est resté stable par rapport à 2021 pour s’établir à 10.000 t». Par ailleurs, le fabricant de peintures soulève une autre problématique liée aux volumes de production : le financement des importations d’intrants.
Colorado enregistre une augmentation de son endettement net, qui s’explique principalement par le recours au refinancement des importations d’intrants. Même si elle ajoute que le niveau de l’endettement à moyen terme reste très faible par rapport aux capitaux propres (7,6%).
Au cours du premier trimestre, Colorado a amélioré son chiffre d’affaires d’à peine 2,1%. Ce qui confirme qu’il n’y a pas beaucoup de ventes, d’où certainement un ralentissement des volumes de production. En termes de volumes écoulés, le tonnage vendu au titre du T1-2022 a évolué de 3% par rapport à la même période de l’année dernière.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO