Un collectif de plus de vingt de personnalités – médecins, tabacologues et défenseurs de l’environnement – appelle, dans une tribune au « Monde », à l’interdiction de la cigarette électronique jetable, comme c’est déjà le cas en Allemagne, en Belgique et en Irlande, et à soutenir la proposition de loi déposée en ce sens par une trentaine de députés.
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rrivée sur le marché français en 2021, la « puff » (prononcer « peuf ») est une cigarette électronique jetable à usage unique. Prête à être consommée dès son achat et disponible aussi bien en grandes surfaces que chez les buralistes, elle bénéficie également d’un prix abordable, autour de 9 euros, ce qui la rend particulièrement facile d’accès et d’utilisation.
Cependant, si la vente de ce produit est normalement interdite aux mineurs, cela n’empêche pas ses fabricants de déployer des stratégies marketing agressives à destination des jeunes, voire des très jeunes, notamment sur les réseaux sociaux. Outre sa taille et ses emballages de couleurs vives, ce sont les arômes proposés, proches de ceux de confiseries, qui sont particulièrement révélateurs : goût raisin glacé, cerise, cola, licorne, mojito, barbe à papa, choco-noisette…
C’est une stratégie qui semble malheureusement payante puisque la puff est de plus en plus répandue auprès des collégiens et lycéens. En 2022, selon un sondage de l’ACT-Alliance contre le tabac, plus de 13 % des adolescents en France révélaient l’avoir déjà utilisée. Les chiffres publiés récemment par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ne font que confirmer cette tendance : l’utilisation par les adolescents de la cigarette électronique, dont la puff, a triplé entre 2017 et 2022. Un nouveau produit plastique et électronique à usage unique qui se retrouve d’ores et déjà en tant que déchet sur les plages.
Un risque majeur pour la biodiversité
La consommation de ce produit est pourtant loin d’être anodine. Comme l’a rappelé l’Académie nationale de médecine dans un communiqué en février 2023, il s’agit d’un « piège particulièrement sournois pour les enfants et les adolescents ». L’utilisation de la puff, qui contient des sels de nicotine, augmente les risques de développer une inflammation des voies respiratoires. Son taux de nicotine, pouvant aller jusqu’à 20 milligrammes/millilitre, est suffisamment élevé pour créer une forte dépendance et peut constituer une porte d’entrée vers le tabagisme. C’est d’ailleurs ce qu’a souligné le Haut Conseil de la santé publique dans un avis relatif aux cigarettes électroniques publié en 2021.
Au-delà de l’aspect sanitaire, la cigarette électronique jetable est, particulièrement au regard de sa composition et de son caractère non rechargeable, un fléau environnemental contraire à l’esprit de la loi Antigaspillage pour une économie circulairedu 10 février 2020 et de toutes les initiatives pour en finir avec l’usage unique.
Source : lemonde.fr