Secteur à fort potentiel tant sur le marché national qu’international, l’industrie pharmaceutique prend de plus en plus de poids dans l’économie marocaine, notamment avec le lancement de l’ambitieux chantier de réforme de la santé et la volonté de promouvoir le « made in Morocco » en termes de vaccins et médicaments. Tour d’horizon de la montée en force de cette filière.
Cette industrie, qui représente désormais une source majeure d’innovation médicale, est un moteur crucial de l’économie nationale, grâce à la haute valeur ajoutée qu’elle produit, à la création d’emplois hautement qualifiés et aux investissements en recherche et développement qui stimulent la performance des entreprises, tout en proposant des traitements de plus en plus efficaces et qui améliorent l’espoir et la qualité de vie.
Ce secteur, en pleine expansion dans le Royaume, est porté principalement par l’évolution du cadre réglementaire, les partenariats public-privés et les investissements directs étrangers (IDE).
En outre, les caractéristiques de l’emploi pharmaceutique le rendent moins sensible aux crises économiques telles que celle qui s’est produite suite aux répercussions du Covid-19, au cours de laquelle l’emploi total a diminué, tandis que l’industrie pharmaceutique semble pouvoir garder, voire renforcer sa dynamique pour endiguer la pandémie.
Le choc économique provoqué par la pandémie, il faut le dire, a braqué les projecteurs sur une urgence de santé publique avec une relation étroite entre les pratiques industrielles, le niveau de santé de la société et son développement économique.
D’ailleurs, c’est dans ce sens que le président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP), Mohamed El Bouhmadi, a fait savoir que ce secteur est l’un des plus dynamiques de l’économie marocaine et s’apprête aujourd’hui à jouer un rôle majeur dans les chantiers lancés récemment par le Roi Mohammed VI.
Au niveau du tissu industriel, « il s’agit d’un secteur clé qui représente plus de 5,2% du PIB industriel, mais pas seulement: c’est aussi la deuxième activité chimique après les phosphates« , a-t-il expliqué.
Et de poursuivre que l’industrie pharmaceutique, forte de ses 60 ans d’expertise, a réussi à atteindre une qualité de médicament aux normes internationales. Elle contribue également au développement de la recherche du pays, à travers les essais cliniques, la bio-équivalence, les développements galéniques, etc.
D’après El Bouhmadi, la FMIIP prévoit une période de croissance continue soutenue par l’export et les dividendes issues de la R&D pouvant aller jusqu’à 80 milliards de dirhams (MMDH) à horizon 2035.
Ceci dit, la révolution biotechnologique a transformé la structure de cette industrie en perpétuel développement, et le Maroc vise au-delà de l’objectif de répondre aux besoins de la population et réaliser l’indépendance du système de santé national, à prendre part des avancées technologiques internationales.
Favorisée par la dynamique insufflée par le nouveau modèle de développement (NMD), la refonte du système nationale de la santé et la réforme des filets sociaux, l’industrie pharmaceutique dispose, selon El Bouhmadi, qui fait état d’un chiffre d’affaires annuel plus de 16 MMDH en 2021, de la taille critique pour accompagner la dynamique enclenchée pour renforcer la souveraineté sanitaire.
Le succès de cette réforme, laquelle a fait l’objet de la quatrième édition du Pharma Day, reste tributaire du renforcement des capacités médicales nationales, a-t-il estimé, indiquant que le pays aspire aujourd’hui à une réduction importante et durable des disparités pour une meilleure cohésion sociale, ce qui nécessite de garantir l’accès équitable de tous les citoyens à des soins de santé de qualité.
Un renforcement de l’activité pharmaceutique à l’export s’impose ! La persistance, quoique dans une moindre mesure, du besoin d’éléments de protection face à la pandémie et de préparation à d’éventuelles pandémies futures ont conduit à une attractivité accrue du secteur. Dans cette équation, la pertinence de l’industrie pharmaceutique pour le commerce extérieur marocain est une évidence.
Véritable pilier de la souveraineté sanitaire nationale, cette industrie demeure fortement connectée à la chaîne de valeur mondiale via les multinationales implantées dans le pays. À cela s’ajoute, la position géographique privilégiée dont bénéficie le Maroc, et qui permet un accès fluide aux marchés africains.
Afin de consolider la capacité exportatrice du pays dans ce domaine, la FMIIP a élaboré une plateforme d’initiatives clés pour le renforcement de la fabrication locale, notamment à travers l’appui à l’export de l’industrie locale, a fait remarquer le président de la Fédération, rappelant que « les fabricants locaux, regroupés au sein de la FMIIP, représentent à eux seuls 80% des exportations marocaines de médicament ».
« Ainsi, en capitalisant sur ces acquis, on pourrait atteindre 35% du taux d’exportation d’ici 2026 en consolidant les marchés existants au niveau d’Afrique et du Moyen-Orient, et viser jusqu’à 45% du taux d’exportation à l’horizon 2035, à travers une ouverture sur l’Europe et les États-Unis », a-t-il souligné.
Vers une localisation de la fabrication de produits pharmaceutiques Face à des chaînes d’approvisionnement internationales bouleversées, faciliter l’accès aux médicaments nécessaires et réduire l’exposition aux importations est inévitable. Heureusement les acteurs du secteur au Maroc, semblent de plus en plus conscients que la fabrication locale de produits pharmaceutiques joue un rôle essentiel dans le maintien de la résilience des systèmes de santé nationaux.
Dans cette optique, le président de la FMIIP souligne que développement de la R&D est au cœur de l’ambition des fabricants locaux, qui visent à augmenter les dépenses du secteur pour atteindre de 8 milliards de dirhams d’ici 2035, estimant qu’à horizon 2035, l’industrie pharmaceutique marocaine devrait tripler ses effectifs pour arriver à 150.000 emplois directs et indirects et doubler le nombre des Établissements Pharmaceutiques Industriels (EPI) installés au Maroc pour atteindre 110 établissements.
En raison des coûts élevés et du long processus d’introduction d’un nouveau médicament sur le marché, cette industrie implique d’importants budgets d’investissement en capital. D’où la nécessité d’implication des secteurs universitaire, public et privé, et d’attractivité en termes d’IDE.
Bouhmadi, indique à cet égard, qu’avec la généralisation de la protection sociale, l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché et le lancement attendu de Sensyo Pharmatech, la taille du marché pharmaceutique nationale pourrait atteindre jusqu’à 50 milliards de dirhams d’ici 2026.
Il s’agit certes d’un secteur économique porteur. Or, les médicaments ne sont pas n’importe quelle marchandise, mais un élément nécessaire au maintien de la santé publique.
Et c’est là que réside le dilemme des gouvernements. L’engouement des investisseurs vers l’industrie pharmaceutique sera-t-il accompagné de la mise en place d’organes de surveillance pour accorder ou refuser l’autorisation aux entreprises pharmaceutiques de commercialiser leurs produits ?
Source : fr-hespress