L’Afrique, dont la population s’élève à 1,3 milliard d’habitants, dispose d’à peine
375 établissements pharmaceutiques, contre 10.500 en Inde, pour une
population comparable. Avec la Zone de libre-échange continentale africaine, de
nombreux débouchés s’offrent au Royaume, pour peu que certains obstacles
autour de la coopération soient levés. Le point.
Lors de la 20e édition d’Officine Expo, organisée les 24 et 25 février à Marrakech, le président de la
Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP), Mohamed El Bouhmadi,
a évoqué le potentiel que représente l’Afrique pour l’industrie pharmaceutique marocaine, mais aussi les
freins à la coopération Sud-Sud dans le secteur.
375 établissements pharmaceutiques pour 1,3 milliard d’habitants
« L’Afrique représente 1,1% du marché mondial en termes de consommation de médicaments », a indiqué
M. El Bouhmadi, qui estime que ce taux reste faible par rapport à d’autres pays, dont la population est
similaire à celle du continent.
« La population africaine s’élève à 1,3 milliard d’habitants, alors que le continent compte à peine 375
établissements pharmaceutiques. Il est prévu que la population atteigne 1,7 milliard d’habitants en
2030, 2,5 milliards en 2050 et 4,5 milliards en 2100″. L’industrie pharmaceutique devra être en mesure
de répondre aux besoins croissants en médicaments.
M. El Bouhmadi rappelle que « l’Amérique du Nord représente à elle seule 46% de la consommation
mondiale de médicaments, contre 24% en Europe, et 14% en Asie-Pacifique »
« En comparaison avec le tissu industriel en Chine, dont la population estimée à 1,4 milliard d’habitants
est similaire à celle de l’Afrique, le pays dispose d’environ 5.000 établissements pharmaceutiques.
Même constat en Inde, dont la population s’élève également à près de 1,4 milliard d’habitants, et les établissements pharmaceutiques à 10.500 établissements. »
Autre constat, « Afrique importe 70% à 90% de son besoin en médicaments, et selon l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), 42% des médicaments contrefaits circulent en Afrique, à cause
d’une réglementation laxiste dans certaines zones ». Par ailleurs, « la Zone de libre-échange continentale
africaine (Zlecaf) va permettre de créer 16 millions d’emplois et de développer un chiffre d’affaires très
important ». C’est dire le potentiel que représente le continent pour le Maroc.
On doit faire des recherches adaptées à l’Afrique, pour développer
des produits innovants et les breveter.
« Le Royaume est présent en Afrique à travers l’exportation de son savoir-faire, l’installation d’usines et le
transfert de technologies, mais il y a encore un grand potentiel à exploiter, notamment en termes de
construction d’usines. Néanmoins, si les laboratoires nationaux investissent en Afrique pour combler le
vide dans le secteur, dans le cadre d’un partenariat Sud-Sud, des freins à caractère logistique et
financier persistent et entravent cette coopération. »
Le président de la FMIIP cite notamment la reconnaissance mutuelle des certifications et des
autorisations. « Le Maroc a été candidat pour abriter l’Agence africaine du médicament, qui a été « Nous devons également développer un pôle africain d’innovation. Nous avons des génotypes et une
alimentation différents. On doit donc faire des recherches adaptées à l’Afrique, pour développer des
produits innovants et les breveter.
Dans ce sens, « nous devons aussi créer une instance qui encourage la recherche
multidisciplinaire, avec une coopération en Afrique. Il ne faut pas se contenter simplement de la
recherche fondamentale, mais aussi de la recherche appliquée, et encourager les essais cliniques, dont très
peu sont réalisés au Maroc »
Le second point qui bloque la coopération Sud-Sud concerne le réseau de distribution. « Pour pouvoir
exporter leurs produits pharmaceutiques en Afrique, les laboratoires sont obligés de passer par
Rouen, qui les transfère ensuite en Côte d’Ivoire ou au Sénégal par exemple. Lorsqu’un produit est en
rupture de stock, son réapprovisionnement nécessite quatre mois au minimum.’
« Il faut donc absolument créer une plateforme de distribution dans un pays africain, qui permette
de centraliser les distributions, en regroupant plusieurs opérateurs distributeurs en Afrique. »
Sur le volet légal, des choses restent à faire. « Au Maroc il y a trois statuts : celui des laboratoires
fabricants, celui des laboratoires grossistes et celui les répartiteurs et pharmaciens d’officine », explique M. El Bouhmadi.
Les laboratoires membres de la FMIIP réalisent 5,2% du PIB du
secteur industriel et 1,5% du PIB national.
Le président de la FMIIP est par ailleurs revenu sur la nouvelle Agence du médicament et des produits de
la santé, qui sera bientôt créée.
« Pour nous accompagner dans notre développement, nous avons besoin d’une agence, et nous sommes
heureux de compter le lancement de l’Agence du médicament et des produits de la santé », a-t-il souligné.
« Celle-ci aura une autonomie de gestion, sera à même de tracer les stratégies de développement des
médicaments, ainsi que des moyens humains et financiers importants, qui permettront d’accompagner le
développement de l’industrie pharmaceutique au Maroc. »
« Un comité ad hoc a déjà été créé pour sa mise en place. Nous espérons qu’elle sera rapidement raccordée
à l’Agence africaine du médicament, pour qu’elles puissent collaborer et militer pour la reconnaissance
mutuelle des autorisations et des certifications.
Enfin, M. El Bouhmadi a rappelé les principaux chiffres relatifs au tissu industriel pharmaceutique
marocain. « Le pays compte 54 laboratoires autorisés au Maroc – qui disposent d’une usine
pharmaceutique -, 12.000 pharmacies et 66 grossistes répartiteurs. »
« Ces trois catégories d’acteurs emploient 60.000 salariés. En 2021 et 2022, le secteur a réalisé un chiffre
d’affaires de 17 milliards de DH (MMDH) »,
« Les laboratoires membres de la FMIIP réalisent 800 millions de DH (MDH) d’investissements
par an, et des contributions fiscales de l’ordre de 2MMDH, soit 5,2% du PIB du secteur industriel et
1,5% du PIB national. »
Source : medias24